12. A LA MÊME.

(Automne 1739.)



Madame,

J'ai reçu votre lettre avec bien du plaisir, et je vous suis très-obligé des belles camisoles que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Je vous prie de vouloir bien rendre toutes ces incluses à leurs adresses. Je vous plains, c'est tout ce que je puis faire. J'attendrai les nouvelles de mercredi, sur lesquelles je réglerai mon départ. Je crains fort de trouver tout à Berlin à peu près où je l'avais laissé : tantôt la goutte aux genoux, tantôt des oppressions sur la poitrine; enfin je prévois que nous passerons un triste hiver. Patience, c'est l'unique chose dont nous ayons besoin.

Je serai, si tout reste de même, samedi à Berlin, et j'aurai le plaisir de vous embrasser; mais si le Roi prend la goutte, je traînerai mon départ jusqu'à mardi.

Adieu, madame; je vous prie de me croire tout à vous.

Vous avez fort bien fait de parler au Roi sur le ton que vous <10>l'avez pris. Si l'occasion s'en présente, vous pouvez seulement lui dire qu'il ne nous trouverait jamais en défaut envers lui, et que l'intérêt et l'ambition ne nous feraient jamais extravaguer jusqu'au point d'oublier notre devoir et les sentiments de la nature. Si vous pouvez le lui dire d'un ton ferme, vous verrez que cela fera un très-bon effet.

Mes compliments à Pöllnitz.11-a Dites-lui seulement que je lui suis obligé de la peine qu'il avait prise de m'écrire.


11-a Voyez t. XX, p. V et VI, et p. 83-119. Le baron de Pöllnitz envoyait à Frédéric des rapports suivis sur la maladie du Roi.