<87>finances. Je crois que vous m'aimez trop pour espérer sur ma mort; mais il n'en est pas moins votre devoir d'acquérir les connaissances nécessaires, qui, en ce cas, pourraient vous rendre qualifié pour régner et pour bien conduire les affaires par vous-même. Il faut à notre État un prince qui voie par ses yeux, et qui gouverne par lui-même. Si le malheur voulait que ce fût autrement, tout dépérirait; ce n'est qu'un travail fort laborieux, une attention continuelle et beaucoup de petits détails qui chez nous produisent les grandes affaires. Il faut donc s'y appliquer de bonne heure, et si vous ne commencez pas à présent à vous y accoutumer, cette vie vous deviendra insupportable lorsque votre caractère vous obligera d'en remplir les pénibles devoirs. Voilà les raisons, mon cher frère, pour lesquelles je souhaite que vous vous informiez de tout. Vous voyez que ce n'est pas mon intérêt qui m'y oblige, mais que mes intentions sont sincères pour vous, et que je n'ai en vue que le bien futur de l'État, et de perpétuer la gloire de la maison, qui dépend absolument du mobile principal qui gouverne l'État. Je suis persuadé que vous sentirez vous-même la force des motifs que je vous allègue, et que peut-être, après ma mort, vous en serez reconnaissant envers mes cendres. Je suis avec la plus tendre amitié, etc.

6. AU PRINCE DE PRUSSE.

Potsdam, 1er août 1744.



Mon cher frère,

Vous me connaissez bien mal, puisque vous croyez que je ne pense pas à vous; mais ce n'est pas d'aujourd'hui que vous me faites de pareilles injustices, et je remarque de reste que vous n'avez aucune confiance en moi. Si c'était une expédition d'hiver, je vous ménagerais sans doute; mais dans la saison présente, il n'y a aucune raison qui m'oblige à vous laisser en arrière. Vous