<359>de ma tendre amitié. Vous me retrouverez tel envers vous dans toutes les occasions de ma vie, prêt à vous rendre tous les services qui dépendront de moi. J'ai vu avec bien du plaisir, mon cher frère, le ton cordial avec lequel l'impératrice de Russie vous écrit. Je vous prie de cultiver cette correspondance avec tout le soin possible, parce qu'il n'en peut résulter que du bien. Je joins ici la lettre de cette princesse, par laquelle je vois qu'elle n'est plus si contente des Autrichiens qu'elle paraissait l'être d'abord; aussi le prince Kaunitz met-il dans cette négociation tout l'esprit de chicane dont elle est susceptible. Cela me fait enrager, parce que cela arrête notre prise de possession, et que cela expose à toute sorte de désagréments, tant par les questions des Polonais que d'autres puissances étrangères, auxquelles, dans cet état d'incertitude, on ne sait que répondre. J'ai vu une grande partie du morceau qui nous échoit en partage; notre portion est la plus avantageuse à l'égard du commerce. Nous devenons les maîtres de toutes les productions de la Pologne et de toutes ses importations, ce qui est considérable; et le plus grand avantage de tous est celui que, devenant les maîtres du commerce du blé, nous ne serons, dans ce pays, en aucun temps exposés à la famine. La population de cette acquisition monte à six cent vingt mille âmes, et dans peu on pourra la porter à sept cent mille; d'autant plus que tout ce qui est dissident en Pologne y cherchera son refuge.

Voilà, mon cher frère, sur quoi nous allons travailler, car le premier soin dans un État est d'en augmenter la population à proportion de ce que le sol est capable de nourrir d'habitants. Je suis, etc.

240. AU MÊME.

Le 5 septembre 1772.



Mon cher frère,

Pour ne point abuser de votre confiance, je vous renvoie, mon cher frère, la lettre de la reine de Suède. Elle vient de me notifier