<349>mon cher frère, pour profiter de vos lumières et de ce que vous avez vu là-bas; mais je crois que, en vous ayant mis au fait de certaines circonstances que je n'ai pu confier à des postes étrangères, vous serez peut-être de mon avis; car je croirais faire une faute impardonnable en politique, si je travaillais à l'agrandissement d'une puissance qui pourra devenir un voisin redoutable et terrible pour toute l'Europe. Je suis, etc.

231. AU MÊME.

Potsdam, 31 janvier 1771.

Je vois, mon cher frère, qu'il n'y a pas toute l'union possible dans le conseil de Pétersbourg; mais j'ose vous dire positivement qu'il y a une impossibilité manifeste dans l'exécution des idées du comte Panin relativement à l'Autriche. La haine secrète qu'on a dans ce pays pour les Russes surpasse toute imagination, et, si je l'ose dire, il n'y a que moi qui tâche de l'étouffer et de l'empêchera d'éclater. Si les Russes voulaient seulement se servir de leur ministre à Vienne pour sonder le terrain, ils ne tarderaient pas à voir que cela va plus loin que ce que j'en dis. Et quant à l'article de prise de possession du duché de Varmie, je m'en suis abstenu, parce que le jeu n'en vaut pas la chandelle.b Cette portion est si mince, qu'elle ne récompenserait pas les clameurs qu'elle exciterait; mais la Prusse polonaise en vaudrait la peine, quand même Danzig n'y serait pas compris, car nous aurions la Vistule et la communication libre avec le royaume, ce qui ferait un article important. S'il s'agissait de dépenser de l'argent, cela en vaudrait la peine, et d'en donner même largement. Mais quand on prend des bagatelles avec empressement, cela donne un ca-


a Les mots de l'empêcher sont omis dans l'autographe.

b Voyez J.-D.-E. Preuss, Urkundenbuch zu der Lebensgeschichte Friedrichs des Grossen, t. V. p. 183 et suivantes.