<341>si vous aviez travaillé pour moi-même. Au reste, j'abandonne absolument à votre discernement et à votre jugement le temps que vous passerez à Pétersbourg; car, mon cher frère, vous êtes sur les lieux, et mieux que moi en état de voir ce qui est convenable, et quel parti il vous convient de prendre.

223. AU MÊME.

Le 5 décembre 1770.



Mon cher frère,

Je suis bien fâché d'apprendre que vous avez été incommodé; mais j'espère, mon cher frère, que ce sera un mal passager. Vous êtes sujet à ces sortes d'incommodités tous les hivers, et le froid du pays où vous êtes les aura peut-être encore augmentées. En revanche, vous avez le plaisir de voir de tous côtés des productions d'un grand génie, et j'avoue que je suis plus sensible aux soins que l'on prend de la race future que de la race présente. La bonne éducation est la nourriture de l'âme, comme le lait sert à l'accroissement de la partie matérielle; et les législateurs dont les soins s'étendent sur l'éducation de la jeunesse recueillent tout le fruit de ce qu'une postérité bien élevée produit d'avantages à l'État. Dans peu arrivera ce que j'ai prophétisé à Valori,a qu'on serait obligé de faire venir des précepteurs de la Russie pour bien élever les enfants. A propos d'enfants, notre nièce de Hollande est accouchée d'une fille. M. de Heyden est arrivé hier en apporter la nouvelle. Elle s'est acquittée galamment de cette couche; elle n'a presque pas souffert, et au bout de deux heures tout a été expédié.

Je suppose, mon cher frère, que vous êtes curieux des nouvelles de l'Europe, ce qui m'engage à vous en apprendre. Les Anglais et les Espagnols ne se feront point la guerre; ils veulent remettre la partie à une autre fois, mais je crois que ce ne sera


a Voyez t. XVII, p. VI, et 347-352.