<260>temps, et nous sortirons honorablement d'une conjoncture difficile et périlleuse où nous nous sommes trouvés souvent à deux pas de notre entière destruction. Par ceci vous aurez seul la gloire d'avoir porté le dernier coup à l'obstination autrichienne, et d'avoir jeté les premiers fondements de la félicité publique, qui sera une suite de la paix.

Je ne veux point arrêter Kalckreuth davantage. Vous avez bien fait de faire distribuer les récompenses promises. J'ai encore quelques petites bagatelles dont je puis disposer, et j'attendrai sur ceux que vous me direz s'être le plus distingués, pour leur en témoigner ma reconnaissance. Adieu, mon cher frère; je suis avec tous les sentiments d'amitié, de tendresse et de reconnaissance, etc.

136. AU MÊME.

Sprottau, 4 (novembre 1762).



Mon cher frère,

Le peu de pertes que vous avez fait à votre action me réjouit infiniment; c'est faire les choses galamment, et ne point arroser vos lauriers de nos larmes. Vos lieutenants seront capitaines, comme vous le désirez, et j'assemblerai de croix tout ce qu'on en pourra trouver à Berlin, pour que vous puissiez les distribuer à ceux qui se sont le plus distingués ou par leur valeur, ou par leur intelligence, ou par leur zèle. Mon croc est très-mal fourni de matières à gratifications; je pourrais donner des prébendes in partibus infidelium; cependant je ferai ce qui sera possible, pour témoigner à ceux qui l'ont mérité ma bonne volonté et ma reconnaissance. Je vous ai annoncé un détachement de Caramelli; mais comme cela se trouve faux, je le révoque, et vous envoie une lettre de Lentulus où vous verrez que c'est un bruit sans fondement. Les Saxons et les Autrichiens en feront sûrement courir de cette espèce le plus qu'ils pourront. Toutefois j'ai bien des