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120. AU MÊME.

Breslau, 22 avril 1762.



Mon cher frère,

J'ai appris, par le peu d'expérience que j'ai dans le monde, que la sincérité réussit souvent mal, et que le silence y est préférable. Voilà pourquoi je ne vous écris que ce que absolument la nécessité des affaires m'oblige de vous mander, et que vous ne trouverez point mauvais, et qu'au contraire votre vivacité me saura gré de ma patience, que vous mettez à d'étranges épreuves. Je suis, etc.

121. AU MÊME.

Quartier de Bettlern, 20 mai 1762.



Mon très-cher frère,

J'ai enfin la satisfaction de vous annoncer la conclusion de mon traité de paix avec la Russie. Mon capitaine et adjudant le comte de Schwerin est arrivé ici aujourd'hui, et m'en a apporté l'instrument signé de la main de l'Empereur. Il m'apprend en même temps qu'on a publié cette paix à Pétersbourg avec beaucoup de solennités, et qu'on a fait une décharge de plusieurs pièces de canon. A l'ordinaire, on n'observe pas, dans des cas semblables, les mêmes cérémonies chez nous, et on se borne à une simple publication; mais comme c'est un événement qui me fait un plaisir infini, je veux aussi faire une exception à la règle, et faire éclater, par des marques publiques, la joie que j'en ressens. Mon intention est donc que vous ordonniez un Te Deum dans votre armée, et qu'à cette occasion vous fassiez faire une décharge générale de votre artillerie. Vous donnerez en même temps une fête à laquelle vous inviterez quelques généraux, et porterez les santés de l'empereur de Russie et d'autres personnes distinguées