<219>qui mène à Leipzig. J'attaquai l'ennemi le 3 de ce mois dans cette position. Le combat a été rude et opiniâtre. Il commença à deux heures, et ne finit qu'à neuf heures et un quart du soir. L'armée ennemie profita de la nuit pour passer sur trois ponts qu'elle avait, vers Torgau, sur l'Elbe, et s'est retirée du côté de Dresde. L'obscurité de la nuit nous a empêchés de nous procurer de plus grands avantages sur l'ennemi, qui a perdu par cette bataille au delà de vingt et jusqu'à vingt-cinq mille hommes en morts, blessés, pris et égarés. Nous avons fait prisonniers de guerre à l'ennemi quatre généraux, passé deux cents officiers, et au delà de sept mille soldats. On nous amène encore de moment à autre des prisonniers de guerre. L'ennemi a laissé entre nos mains quarante canons et une trentaine de drapeaux. Le maréchal Daun se trouve au nombre des blessés avec d'autres généraux autrichiens. Le général Ried et le général Walther de l'artillerie doivent être au nombre des morts.

Voilà, mon cher frère, tout le détail que je saurais vous marquer jusqu'à présent de cette affaire. Je suis, comme vous le jugez, fort occupé présentement. Je m'en rapporte donc à la relation détaillée que j'en ferai publier, et que j'aurai soin de vous faire parvenir en peu.a Nous n'avons aucun général des nôtres de mort. Les lieutenants-généraux de Bülow et le comte de Finckenstein ont été faits prisonniers de guerre. Je suis persuadé de la part sensible que vous prenez à l'avantage considérable que nous avons remporté sur l'ennemi, et je suis, etc.

91. AU MÊME.

Meissen, 12 novembre 1760.



Mon très-cher frère,

Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez faite du 8 de ce mois. Attaché comme je vous connais à mes intérêts, ainsi qu'à


a Cette relation se trouve dans les Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, du 15 novembre 1760, no 138, p. 559-562.