<141>

67. AU PRINCE DE PRUSSE.

(Camp de Bautzen) ce 30 (juillet 1757).

Vous avez mis par votre mauvaise conduite mes affaires dans une situation désespérée; ce n'est point mes ennemis qui me perdent, mais les mauvaises mesures que vous avez prises. Mes généraux sont inexcusables, ou de vous avoir mal conseillé, ou d'avoir souffert que vous preniez d'aussi mauvais partis. Vos oreilles ne sont accoutumées qu'au langage des flatteurs; Daun ne vous a pas flatté, et vous en voyez les suites. Pour moi, il ne me reste, dans celte triste situation, qu'à prendre les partis les plus désespérés. Je combattrai, et nous nous ferons massacrer tous, si nous ne pouvons vaincre. Je n'accuse point votre cœur, mais votre inhabileté et votre peu de jugement pour prendre le meilleur parti. Je vous parle vrai. Qui n'a qu'un moment à vivre n'a rien à dissimuler. Je vous souhaite plus de bonheur que je n'en ai eu, et que, après toutes les flétrissantes aventures qui viennent de vous arriver, vous appreniez dans la suite à traiter les grandes affaires avec plus de solidité, de jugement et de résolution. Le malheur que je prévois a été causé en partie par votre faute. Vous et vos enfants en porterez la peine plus que moi. Soyez, malgré cela, persuadé que je vous ai toujours aimé, et que j'expirerai avec ces sentiments.

68. AU MÊME.

(Camp de Bautzen) ce 30 (juillet 1757).



Mon cher frère,

Vous ne pouvez aller en sûreté qu'à Torgau. Il faut partir demain pour vous y rendre, et vous attendrez là la fin de notre campagne. Je suis, mon cher frère, etc.