<214>reusement M. le baron de Goltz a dissipé ces alarmes, et m'a assuré que V. M. était aussi bien qu'on pût le désirer. Je n'ai donc plus qu'à vous témoigner, Sire, toute ma satisfaction et toute ma joie. Cette consolation me dédommage des contradictions que ma pauvre machine éprouve, et qui commencent même à me faire croire qu'il faudra peut-être bientôt songer à faire mon paquet; mais, Sire, ma santé et ma vie même ne sont rien pour moi, tant que je n'aurai point à craindre pour la vôtre.

Vos bienfaits, Sire, pour le jeune étudiant que j'avais pris la liberté de recommander à votre bienfaisance ont augmenté l'émulation et l'ardeur que montrait déjà ce jeune homme intéressant; il n'a point quitté depuis cinq mois les premières places de sa classe, et fera tous ses efforts pour se montrer digne des bontés que V. M. a bien voulu avoir pour ses talents naissants.

Ce que V. M. me fait l'honneur de m'écrire au sujet de la querelle du César avec le très-saint père est plein de raison, d'humanité et de justice. Il est sûr que ce pauvre prêtre, qui dessèche les marais pontins, n'est pas coupable des sottises de Grégoire VII, d'Innocent IV, et de tant d'autres de ses prédécesseurs. Mais la justice souveraine a fait payer au genre humain le péché d'un seul, et la justice impériale fera payer à un seul le péché de plusieurs. Nous avons vu ici les capucinales représentations du prêtre électeur de Trêves, et les réponses très-militaires du César. Je ne sais si je me trompe, Sire, mais je crois que le César n'en restera pas là, et que tous ces préliminaires ne sont, comme l'on dit, que pour peloter en attendant partie. Malheureusement pour saint Pierre, la partie ne sera pas égale entre les joueurs. II me semble que tous les évêques des États du César, soit politique, soit satisfaction de ne plus dépendre de Rome, sont très-soumis aux volontés impériales. Ils le seraient de même partout, si les souverains savaient dire, Je veux à cette troupe, récalcitrante quand on la prie, mais très-docile quand on lui commande. Le saint-père se consolera de ses désastres germaniques avec la soumission italienne, la fidélité espagnole, et la catholicité française; car nous ne cesserons pas sitôt d'avoir l'honneur d'être très-catholiques, non plus que les Italiens d'être très-soumis, et les Espagnols d'être très-fidèles.