<172>voie une petite brochure qui tend à marquer les défauts de la littérature allemande et à indiquer les moyens de la perfectionner.b Le colonel de Grimm, qui est Allemand, pourra vous mettre au fait de ce qui regarde cette langue, que vous n'avez pas apprise, et qui n'en a pas valu la peine jusqu'ici; car une langue ne mérite d'être étudiée qu'en faveur des bons auteurs qui l'ont illustrée, et ceux-là nous manquent entièrement; mais peut-être paraîtront-ils quand je me promènerai dans les champs Élysées, où je présenterai au cygne de Mantoue les idylles d'un Germain nommé Gessner et les fables de Gellert.a Vous vous moquerez des peines que je me suis données pour indiquer quelques idées du goût et du sel attique à une nation qui jusqu'ici n'a su que manger, boire, faire l'amour et se battre; toutefois on désire d'être utile; souvent un mot jeté dans une terre féconde germe, et pousse des fruits auxquels on ne s'attendait pas.

Puisse cette année où nous entrons être aussi féconde en événements favorables pour vous et pour la philosophie que je le désire! puissiez-vous encore longtemps occuper la chaire de la raison, de laquelle vous éclairez les Gaulois et les Velches! Ce sont les vœux que je fais chaque jour pour l'Anaxagoras moderne. Sur ce, etc.

229. DE D'ALEMBERT.

Paris, 9 février 1781.



Sire,

Je viens de recevoir l'excellent ouvrage sur la littérature allemande que V. M. m'a fait l'honneur de m'envoyer, et dont elle me parle dans sa lettre du 6 janvier; j'ai envoyé sans délai à M. Grimm, suivant les ordres de V. M., l'exemplaire qui était


b Voyez t. VII, p. V et 103-140, et t. XXIV, p. VIII, IX, no VI et VII, et p. 378-387, et 391.

a Voyez t. VII, p. 108; t. XVIII, p. 222; et t. XXIV, p. 207, 208, 209, 210, 287 et 239.