<170>clopédie à tout ce que vous avez fait de grand et de mémorable dans la paix, dans la guerre, dans la politique, dans le gouvernement, dans les lettres même, quoiqu'elles n'aient servi que de délassement pour vous. Oh! que je suis bien loin de tant de succès, et bien peu digne de tant de gloire! Qu'il y a même de différence entre nos machines physiques! Quoique la vôtre, Sire, soit de quatre ans plus âgée que la mienne, et qu'elle ait essuyé des fatigues et des secousses auxquelles mon frêle individu n'aurait pas résisté dès les premières attaques, je succomberais à la cent millième partie de ce que V. M. fait en un jour. Elle a toute l'Europe dans la tête; et moi, chétif écrivailleur, une page de mauvaise prose ou quelques lignes de géométrie me font sentir combien je suis déchu du peu que j'étais, quoique assurément je ne sois pas tombé de bien haut. L'essentiel, pour être le moins mal qu'il est possible, est de se soumettre à sa destinée, d'écouter et de ménager la nature, d'opposer le régime à ses écarts et le repos à sa faiblesse, enfin de traîner le moins douloureusement qu'il est possible le reste de la carrière qu'elle me destine. C'est ce que je tâche de faire bien ou mal.

V. M. recevra cette lettre vers les premiers jours de l'année prochaine. Cette année, Sire, sera la quarante et unième d'un règne qui fournira tant de beaux traits à l'histoire, tant d'exemples aux souverains, tant de leçons aux généraux et aux politiques, et tant d'admiration aux sages. Puisse-t-il prolonger encore longtemps sa brillante durée! puissé-je, quand l'Élysée ou le Tartare m'appelleront, laisser encore V. M. sur la terre! puissé-je enfin, tant qu'il me restera un souffle de vie, la convaincre de plus en plus de la tendre et profonde vénération avec laquelle je serai jusqu'au dernier soupir, etc.