<85>aurons la Gabriella; on jouera l'opéra d'Achille in Sciroe, et nous ferons des fêtes et des enfants, si nous pouvons. Mais tout cela ne doit toucher que très-médiocrement V. A. R. Je vous supplie, madame, d'avoir indulgence avec un vieillard à demi radoteur, qui vous conte des fagots, faute de mieux, et de me pardonner l'ennui que vous causera ma lettre, en faveur de l'admiration et de tous les sentiments distingués avec lesquels je suis, etc.

40. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 15 avril 1765.



Sire,

Votre Majesté dit très-bien : Laissons les ombres en paix. Je me trouve beaucoup mieux, Sire, lorsque vous m'adressez directement la parole. Ce que vous voulez bien me dire des talents de vos jeunes princesses, et des fêtes que vous préparez, ne saurait m'être indifférent. Vous parlez en maître de tout ce qui appartient aux beaux-arts. Puissent-ils, Sire, vous faire jusqu'à la fin du siècle un repos délicieux! Je crois que vos ennemis mêmes, s'il vous en reste, se joindront à moi dans ce vœu. L'exemple de V. M. fait des prodiges; si jeune encore, la princesse votre nièce, non contente de bien déclamer les drames d'autrui, en compose elle-même. Je voudrais être au nombre de ses auditeurs. Il est vrai que l'idée d'amours fidèles sent bien l'innocence de son âge. Les petits-maîtres et les petites-maîtresses diront que le sujet est vraiment comique, puisque la comédie joue les ridicules. Je souhaite à cet aimable auteur un époux digne d'elle, un époux du bon vieux temps, et au Prince de Prusse une compagne aimable et féconde, et à V. M. la satisfaction de former elle-même ses petits-neveux; mais c'est à condition que vous leur apprendrez, Sire, à aimer mes enfants; autrement Dieu nous garde que vous leur enseigniez l'art de la guerre. Je suis, etc.