<638>jours derniers, entre les mains de M. Grimm, un portrait de V. M. en petit, qui vient de sa belle manufacture de porcelaine, et qui m'a paru si ressemblant et si parfait à tous égards, que je ne puis résister au désir d'en avoir un semblable. Y aurait-il, Sire, de l'indiscrétion à demander cette grâce à V. M.? Elle rappellerait sans cesse à mes yeux le monarque philosophe qui est sans cesse présent à mon cœur, et pour lequel mon admiration, ma reconnaissance et mon profond respect ne finiront qu'avec ma vie. C'est avec ces sentiments que je serai jusqu'au dernier soupir, etc.

146. A D'ALEMBERT.

15 novembre 1774.

J'ai été d'autant plus fâché de la maladie de Catt, qu'elle est d'un genre singulier. Des hémorroïdes qui ne voulaient pas fluer l'avaient mis dans l'état de Tirésias, sans qu'aucune déesse s'en fût mêlée. Les chirurgiens, qui se moquent des maux comme des déesses, prétendent le guérir par l'usage des mouches cantharides qu'on lui applique; il commence à revoir, mais la guérison n'est pas encore complète. Peut-être la Vierge l'a-t-elle puni d'avoir fait copier je ne sais quel Dialogue, et qu'ainsi je suis en partie cause de ce qui lui est arrivé. Ces sottises que je vous envoie ne sont bonnes qu'autant qu'elles amusent celui qui les compose, et qu'elles font rire ceux qui les lisent; ce sont les hochets de ma vieillesse, qui me procurent quelques moments de gaîté.

Je ne sais ce que je puis vous avoir mandé des troubles qui menacent le Sud; mais c'est à Tirésias à les prédire. Moi, pauvre reclus au fond du Nord, je ne sais pas trop ce qui se fera demain, bien moins encore dans un terme plus éloigné. Pour votre jeune roi, il se conduit sagement; ce que j'approuve surtout en lui, c'est la volonté qu'il a de bien faire; voilà tout ce qu'on peut prétendre de lui. Il a une grande tâche à remplir, et il ne pourra