<636>drais qu'ils fussent tous aussi pacifiques que V. M., et en même temps aussi prêts à faire la guerre; c'est le plus sûr moyen de l'éviter. Dieu nous préserve de ce fléau! Puisse-t-il au moins donner le temps à M. Turgot, notre nouveau contrôleur général, de réparer le mal que nous souffrons depuis si longtemps! On a eu raison d'en faire l'éloge à V. M.; c'est assurément un des hommes les plus instruits, les plus laborieux et les plus justes du royaume, d'une vertu à toute épreuve, et d'une probité incorruptible, dont il a déjà donné plus d'une marque depuis deux mois qu'il administre nos finances. Comme le Roi paraît aimer la justice, la vérité, les honnêtes gens, et qu'il déteste les flatteurs, les fripons et les hypocrites, j'espère qu'il prendra de jour en jour plus de confiance en cet homme éclairé et vertueux, et toute la France le souhaite pour le bonheur des peuples et pour la gloire du Roi.

On dit que ce prince va nous rendre l'ancien parlement, que son prédécesseur avait cassé. Celui qu'on y avait substitué était trop mal composé pour pouvoir subsister avec la confiance et la considération publique, nécessaires à des magistrats. Mais l'ancien avait aussi des reproches très-graves à se faire. Il faut espérer que la disgrâce où il a été pendant quatre ans le rendra raisonnable et sage. Les fanatiques gémissent beaucoup de son rétablissement. C'est une raison pour qu'il ne soit plus à l'avenir superstitieux et fanatique, comme il ne l'a que trop été.

Je viens de mander à M. de Voltaire que V. M. a eu la bonté de m'envoyer le certificat favorable à M. d'Étallonde, qu'il me paraissait attendre avec impatience. Il est digne de V. M. de rendre justice à la conduite de ce jeune homme, si cruellement persécuté, et je ne désespère pas qu'un tel certificat ne lui procure enfin des jours plus heureux.

Toutes les lettres de Rome et d'Italie assurent que la mort du pape est un chef-d'œuvre de l'apothicairerie jésuitique. V. M. ne pourrait-elle pas fonder pour ces honnêtes gens, dans leur collége de Breslau, une chaire de pharmacie, dans laquelle ils paraissent être si versés? L'élection du successeur de Clément XIV sera un grand événement pour eux; mais je ne doute pas que les princes catholiques, qui connaissent si bien le savoir-faire de la