<532>Tout cela prouve que ce ne sont pas les mêmes ressorts qui agissent sur différentes créatures, et que la raison se borne à guider ceux qu'on appelle les plus sages. Si vous voulez appeler nécessité ce que j'appelle raison, notre dispute est terminée; mais si vous supposez une nécessité fatale, qui nous fait agir comme des marionnettes, j'aurais quelque peine à devenir marionnette sur mes vieux jours.

A vous permis de réprouver la révocation de l'édit de Nantes, quoique plusieurs de ceux que Le Tellier a proscrits aient fait des fortunes brillantes dans les lieux qu'ils ont choisis pour leur asile, et que d'ailleurs la France ne soit que trop peuplée. Nous trouvons dans les temples de ces réfugiés une partie du culte que vous proposez; il n'y est plus question que de discours de morale, et le dogme, on le laisse s'enrouiller dans les milliers de volumes écrits sur ces matières, que personne ne lit plus.

Je suis persuadé qu'un philosophe fanatique est le plus grand des monstres possibles, et en même temps l'animal le plus inconséquent que la terre ait produit. Je me contente donc de n'être point gêné sur ce que mon peu de foi me permet de croire; et loin d'être convertisseur, je laisse à chacun la liberté de bâtir un système selon son bon plaisir. Voilà ma confession entière. Je vous souhaite santé et contentement. Sur ce, etc.

P. S. L'affaire que vous me recommandez, d'une chanoinesse de Clèves, ne dépend pas de moi; car il y a des lois et des fondations dont on ne saurait s'écarter.

99. AU MÊME.

Le 4 avril 1771.a

Vous faites plus d'éloges de la réponse de l'empereur de la Chine à Voltaire qu'elle n'en mérite. Ce bon empereur, quoique poëte,


a Le 7 avril 1771. (Variante de la traduction allemande des Œuvres posthumes, t. XI, p. 105.)