<426>de son illustre chef qu'à lui témoigner ma sensibilité sur les événements qui peuvent l'affliger, quoique ma sensibilité pour ces derniers objets ne soit pas moins forte que pour les autres. Je voudrais n'entretenir jamais V. M. que de choses qui pussent lui être douces ou agréables; mais je la supplie de croire que je partage avec la même vivacité tout ce qui peut satisfaire ou troubler son cœur. C'est dans ces sentiments, et avec la plus grande admiration et le plus profond respect, que je serai toute ma vie, etc.

43. DU MÊME.

Paris, 14 décembre 1767.



Sire,

Il y a quelque temps que j'eus l'honneur de recevoir de Votre Majesté une lettre charmante sur la poésie et la musique, lettre pleine de raison, de sel et d'esprit, et que le plus éclairé et en même temps le plus gai des philosophes serait très-flatté d'avoir écrite. J'ai mis plusieurs fois, Sire, la main à la plume, ou, comme disent les pédants, la plume à la main, pour répondre tant bien que mal à cette excellente lettre; mais la plume m'est tombée trois fois des mains; j'ai senti qu'on ne répliquait point par une froide discussion à des raisonnements très-fins et très-justes, soutenus par de bonnes plaisanteries. D'ailleurs, pour tenir tête, Sire, à un adversaire tel que V. M., il faudrait du moins que j'eusse tout entière à ma disposition la pauvre petite tête que Dieu m'a donnée; mais les approches de la mauvaise saison ont encore affaibli le peu qui m'en restait, et, pour peu que cela continue, j'aurai l'honneur de finir par être imbécile. J'espère du moins que si la destinée m'enlève le peu d'esprit qui me reste, elle me laissera toujours un cœur capable de sentir les bontés dont V. M. m'honore, et qui conservera toujours pour elle la plus vive et la plus respectueuse reconnaissance.

Quand V. M. jugera à propos d'augmenter le nombre des as-