<413>passable, ne se soutient un peu que par le repos et le régime. Je ne suis pas sans espérance de revoir un jour V. M., et de mettre de nouveau à ses pieds les sentiments si justes dont je suis pénétré pour elle. V. M. prétend que si je ne me hâte pas, je la trouverai radotante. Je suis bien sûr qu'elle n'est pas faite pour radoter jamais; mais si par malheur cela arrivait, je ne serais pas pour elle un juge fort redoutable, car, pour peu que ma tête s'affaiblisse, elle ne sera pas loin d'en faire autant.

J'ai admiré, Sire, et j'ai fait admirer à nos philosophes de ce pays-ci tout ce que V. M. me fait l'honneur de me dire sur les abus et les atrocités absurdes de la jurisprudence criminelle française, sur le fanatisme égal, quoique opposé, de notre parlement et de nos prêtres, et sur le parti que doit prendre un homme raisonnable au milieu de tant de cervelles échauffées et dérangées. C'est aussi, Sire, celui que je prends; mépriser les fous et honorer les sages, voilà ma devise, et à peu près tout ce que je puis faire pour la raison, à laquelle je ne puis plus guère être utile que par mes vœux en sa faveur. Mais les premiers, Sire, de tous mes vœux, les plus sincères et les plus constants, sont ceux que je fais pour V. M.; leur vivacité est égale à celle des sentiments de respect, d'admiration et de reconnaissance éternelle avec lesquels je suis, etc.

P. S. Je prends la liberté, Sire, de recommander aux bontés de V. M. M. de Castillon; il désirerait obtenir la pension attachée à la place d'astronome dont il fait les fonctions, et je crois que sa demande est juste. V. M. sait que je ne l'ai jamais trompée; c'est ce qui me fait prendre la liberté de lui parler avec tant de confiance.