<292>a été obligé d'ouvrir. Mais ces bagatelles ne méritent pas que j'en entretienne la diva Antonia; peut-être m'aurait-il été permis de lui adresser des vœux pendant ma maladie, mais non de l'ennuyer par le récit de mes infirmités.

Le public s'amuse ici avec l'opéra de Cléofide, de Hasse, qu'on a remis sur le théâtre.a Les bonnes choses restent toujours telles, et, quoiqu'on les ait entendues autrefois, on aime encore à les rentendre; d'ailleurs, la nouvelle musique est dégénérée en un charivari qui blesse les oreilles au lieu de les flatter, et le chant noble n'est plus connu des contemporains. Pour le retrouver, il faut recourir à Vinci,b Hasse et Graun. Je nommerais bien une illustre compositrice qui mérite de leur être annexée; mais je crains de dire tout ce que je pense, et à peine m'est-il permis de laisser entrevoir les marques de mon admiration.

Recevez, madame, avec votre bonté ordinaire les assurances de la haute considération et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.

199. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 28 février 1777.



Sire,

Votre Majesté connaît les Obotrites et les Grecs tout autrement que moi, qui ne les connais guère. Elle a illustré la mémoire des uns, et effacé la gloire des autres. C'est donc à vous, Sire, de


a L'opéra de Cléofide fut représenté pour la première fois à Dresde, le 13 septembre 1731, sous la direction du compositeur. Frédéric en a varié l'air Digli ch'io son fedele, pour le célèbre chanteur Porporino. L'autographe de cet air arrangé est conservé à la Bibliothèque royale de Berlin, section musicale. On en trouve un fac-simile dans l'ouvrage de M. Louis Schneider, Geschichte der Oper und des Königlichen Opernhauses in Berlin, Berlin, 1845, grand in-folio, planche E.

b Léonard Vinci, compositeur dramatique, né à Naples en 1690, mort dans la même ville en 1732.