<265>Cunégondea s'est mise sur les rangs pour la coadjutorerie d'Essen et de Thorn. « Le Roi peut tout pour moi, me dit-elle; il a des bontés pour vous; écrivez-lui un mot en ma faveur. » Ne voilà-t-il pas cette réputation de crédit auprès de Frédéric qui me fait tourner la tête! Je promis intrépidement, et je ne tremble qu'à présent qu'il me faut tenir parole. Ne me faites pas, Sire, sentir doublement mon étourderie par un refus. Les deux belles-sœurs conserveront également une reconnaissance éternelle de ce que vous voudrez bien faire en faveur de l'une; et quant à moi, il ne me reste que de lui réitérer très-respectueusement les sentiments d'admiration et du plus parfait attachement avec lequel je suis, etc.

178. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Potsdam, 25 février 1774.



Madame ma sœur,

Quoique je participe avec Votre Altesse Royale à tout ce qui peut lui arriver d'agréable, la goutte que j'ai eue aux deux mains m'a empêché de la féliciter plus tôt du mariage de la princesse sa fille avec le prince de Deux-Ponts. Je souhaite, madame, que vous jouissiez d'une satisfaction parfaite de ces nouveaux liens que vous venez de former, et que vous ayez, à l'exemple des patriarches dont vous avez imité la noble simplicité dans ces noces, la consolation de voir une longue postérité, issue de ce mariage, qui vous donne les noms de grand' mère et de bisaïeule, et qui s'élèveront comme des vignes à l'entour de votre table, selon l'expression de ces mêmes patriarches ou prophètes,a que je prends pour synonymes. V. A. R. badine en me faisant des


a Voyez t. VI, p. 147.

a Psaume CXXVII, v. 3, selon la Vulgate. (Psaume CXXVIII, selon la traduction de Luther.)