<224>crains que son séjour à la campagne, qui est absolument hors de mon chemin, me privera d'une satisfaction que je désire si vivement.

Agréez, Sire, avec toute l'amitié dont vous m'honorez, les assurances de la haute estime et de l'inviolable attachement avec lequel je ne cesserai d'être, etc.

150. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 6 septembre 1771.



Madame ma sœur,

La nouvelle la plus agréable que Votre Altesse Royale puisse me marquer est certainement celle de son entière convalescence. Je commence à aimer Charlemagne, notre brutal convertisseur, et sa triste résidence, depuis que ses eaux ont délivré V. A. R. de toutes ses incommodités; et les nymphes de la Donge, du Pouhon et de Géronstèrea recevront de moi un culte aussi religieux que celui dont elles ont été vénérées avant qu'on nous fît chrétiens à grands coups d'estramaçon. Vous devez vous attendre, madame, d'être portée sur les bras des souverains dans tous les endroits de votre passage; les villes devraient se soulever de leurs fondements pour se transporter à votre rencontre, car bien des siècles se passeront avant qu'elles reçoivent une diva Antonia dans leurs murs. J'ai fort exhorté ma nièce à ne pas négliger l'occasion qui se présente de faire la meilleure connaissance qu'elle pourra faire de sa vie. Malheureusement pour elle, les suites d'une fausse couche la retiennent encore à Loo, et je ne sais si elle pourra jouir, madame, du bonheur de vous posséder chez elle.


a Le nom de la Donge nous est inconnu; le Pouhon et la Géronstère sont deux des sept sources principales de Spa; il est parlé d'une autre de ces sources minérales, la Sauvenière, t. XX, p. 66.
     Frédéric avait été lui-même à Aix-la-Chapelle en 1742. Voyez t. XXII, p. 122 et suivantes.