<207>héros du siècle, et, si les générations futures ne lui donnent un rival digne de lui, le héros de tous les temps, plus grand que toutes les grandeurs qui l'entourent, plus élevé, plus admirable que tout ce qu'il a fait de beau et de merveilleux. Que je me trouve heureuse lorsque je pense que ce héros m'honore de tant de bontés! Tous les moments délicieux que V. M. m'a fait passer à Sans-Souci, les fêtes charmantes dont elle a bien voulu m'y faire jouir, mais, plus que toutes ces fêtes et tous ces amusements, ces instants précieux de la conversation sublime du plus grand des hommes, tout enfin, jusqu'à la lettre obligeante qui a mis le sceau à vos bontés, m'a rendu encore plus pénible un départ qui déjà ne l'était que trop, a confirmé en moi la certitude de mon bonheur, et gravé plus que jamais dans mon âme les sentiments profonds de reconnaissance, d'admiration et de vénération avec lesquels je suis, etc.

138. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 14 octobre 1770.



Madame ma sœur,

Votre Altesse Royale est comme ces mines inépuisables où l'on découvre sans cesse de nouvelles richesses. Indépendamment de tous les grands talents que j'admire en elle, elle possède encore l'art des orateurs au suprême degré de perfection. On dit que leur chef-d'œuvre consiste à relever et ennoblir les plus petits sujets. Ainsi, madame, à ma grande surprise, je me suis trouvé le sujet indigne du panégyrique que V. A. R. daigne faire dans sa lettre. J'avoue, madame, qu'il m'a été impossible de me reconnaître sous les beaux traits dont son pinceau m'a daigné orner. Très-convaincu de ma médiocrité, je sens que je n'ai d'autre mérite que mon attachement, mon zèle pour sa personne, et d'avoir assez de discernement pour l'admirer avec toutes les belles qualités