<203>penser tout bas, et ce de quoi toute l'Europe convient, d'une certaine princesse d'origine bavaroise, qui fait, de nos jours, l'ornement et la splendeur de l'Allemagne. Pour cette fois, V. A. R. n'en saura rien de plus; je crains même d'en avoir déjà trop dit.

En attendant, madame, que ce nouveau citoyen de l'univers que nous attendons arrive, nous nous amusons avec la tragédie. Hier nous avons eu l'Iphigénie de Racine. L'excellence de la pièce a brillé malgré la médiocrité des acteurs qui la reprenaient; tant le génie de Racine était supérieur à celui des auteurs dramatiques modernes. Ces divertissements sont mêlés de quelque peu de musique d'Église, où le contrapunto attire surtout l'attention de ma sœur. Mais ces nouvelles sont peu amusantes et peu dignes d'être marquées à V. A. R., qui sait faire un meilleur emploi de son temps qu'à lire les billevesées que je lui écris.

Recevez, madame, avec votre bonté ordinaire les assurances de l'attachement et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.

134. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Lichtenwalde, 11 août 1770.



Sire,

Que je suis heureuse! Je reçois de Votre Majesté la plus charmante réponse à une idée de lettre dont j'avais accompagné M. de Witzleben. Toute remplie des belles choses qu'elle renferme, je me rendais à Lichtenwalde, moins pour y passer quelques jours avec la comtesse de Watzdorf que pour m'y occuper sans contrainte, et loin du grand monde, de mon bonheur ineffable de tenir un petit coin dans l'estime du prince qui mérite les hommages de l'univers entier, qu'il éclaire par ses lumières. A peine arrivée à la campagne, voilà M. de Borcke qui m'apporte de quoi mettre le comble à ma satisfaction. Quelque pénétrée que soit mon âme de ces précieuses marques de bonté de V. M., et quelle