<157>dans celles de l'esprit humain, sans cependant rien ajouter à ma vénération pour V. M.; elle est indépendante de ma croyance et de la vôtre. J'aimerais moins la mienne, si elle ne me prescrivait d'estimer, d'honorer et de respecter les vertus sublimes partout où je les vois. Jugez, Sire, quels sont les sentiments profonds et inaltérables avec lesquels je suis, etc.

100. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 23 juin (1768).



Madame ma sœur,

Il y a l'infini, madame, entre la bonté indulgente de Votre Altesse Royale, et la dure opiniâtreté d'un théologien. Si les sectes les séparent en catholiques, protestants, anabaptistes, etc., l'esprit de domination et d'intolérance est le même chez tous ceux qui se croient les ambassadeurs de Dieu le Père pour annoncer une métaphysique inintelligible à des espèces de brutes, qui sont les laïques profanes. Pour moi, madame, je suis tout accoutumé à être damné par ces messieurs; c'est une galanterie dont ils ne sont pas chiches, et qui ne m'inquiète pas le moins du monde. Il n'en est pas ainsi avec Sa Sainteté; il est le suisse du paradis, il peut y faire entrer qui bon lui semble, et même votre serviteur, tout hérétique qu'il est, si je me trouve en état de rendre quelques services à l'Église. Mon bon ange m'en a fourni quelquefois l'occasion, comme à la diète d'élection de Charles VII votre auguste père;a j'ai voté, madame, pour que le nonce fût admis à la diète. J'ai peut-être contribué en d'autres occasions à épargner quelques désagréments à la cour de Rome, dont je ne me vante pas; et je me réserve encore pour ouvrir un asile, un dernier refuge aux gardes du corps du pape, à cette milice que l'on réforme dans tous les royaumes où naguère elle était floris-


a Voyez t. II, p. 88 et 124.