<13>Vous avez dépouillé l'Amour de son bandeau,
De son carquois et de ses ailes.

En voici un autre :

Un indigne intérêt fut l'Apollon d'Horace;
Une douce mollesse enfla le flageolet
Sur lequel soupirait Gresset.
Pour moi, que malgré moi vous placez au Parnasse,
Si ces vers paraissent au jour,
Momus et les neuf Sœurs pourront me faire grâce;
Je ne suis inspiré que par le tendre Amour.
Lorsqu'il dicte, j'écris; ces vers sont son ouvrage;
Daignez, chère Ulerique, accepter son hommage.
Mais mon exil, hélas! Sera-t-il sans retour?
Heureux qui vous adore et qui vous le peut dire!
Malheureux, comme moi, qui ne peut que l'écrire!

Cette petite provision poétique pourra vous servir, dans le besoin, pour remplir vos billets doux. J'aimerais mieux, je vous l'avoue, expulser le maréchal Daun de la Silésie que de faire de mauvais vers; mais l'un est plus aisé que l'autre. Je fais ce que je puis, et je me borne à mes faibles talents. Vous chassez beaucoup; si vous pouviez chasser ces Autrichiens, il y aurait de quoi faire une belle curée; mais votre fusil ni votre dragée ne portent pas si loin. Patience, patience, c'est le refrain de cet hiver, et qui continue bien longtemps. Adieu, mon cher; portez-vous bien, et faites des vœux pour nous.

10. AU MÊME.

Camp de Seitendorf, 17 juillet 1762.

Vous parlez de mes vers comme s'ils valaient quelque chose; et je vous assure que j'en connais moi-même la faiblesse et les défauts. Quand j'en ai le temps, j'en fais d'un peu moins mau-