<46>Pour moi, nourrisson d'Horace,
Qui n'ai jamais eu l'honneur
De grimper sur le Parnasse,
Parmi la maudite race
Des beaux esprits, qui tracasse,
Et remplit ce lieu d'horreur,
Je vous demande pour grâce,
S'il arrive quelque jour
Que mon nom par vous s'enchâsse
Dans vos vers ou vos discours,
Que, sans ruses ni détours,
La bonne plume l'y place.a

Je souhaite paix et salut, non pas au gentilhomme ordinaire, non pas à l'historiographe du Bien-Aimé, non pas au seigneur de vingt seigneuries dans la Suisserie, mais à l'auteur de la Henriade, de la Pucelle, de Brutus, de Mérope, etc.

360. DE VOLTAIRE.

(Aux Délices) 19 mai 1709.

Sire, vous êtes aussi bon frère que bon général; mais il n'est pas possible que Tronchin aille à Schwedt, auprès du prince votre frère; il y a sept ou huit personnes de Paris, abandonnées des médecins, qui se sont fait transporter à Genève ou dans le voisinage, et qui croient ne respirer qu'autant que Tronchin ne les quitte pas. V. M. pense bien que parmi le nombre de ces personnes je ne compte point ma pauvre nièce, qui languit depuis six ans. D'ailleurs, Tronchin gouverne la santé des enfants de France, et envoie de Genève ses avis deux fois par semaine; il ne peut s'écarter; il prétend que la maladie de monseigneur le prince Ferdinand sera longue. Il conviendrait peut-être que le malade entreprît le voyage, qui contribuerait encore à sa santé en le faisant passer d'un climat assez froid dans un air plus tempéré.


a Les vers de cette lettre se trouvent déjà, mais un peu changés, dans notre t. XII. p. 123-125.