<31>obscurs qui combattent avec la plume; vous n'ignorez pas que c'est un des chefs du bureau des affaires étrangères qui a fait les Lettres d'un Hollandais. V. M. connaît les auteurs des invectives imprimées en Allemagne; elle a vu ce qu'avait écrit mylord Tyrconnel.

C'est l'évêque du Puyb qui, avec un abbé de condition, nommé Caveirac, vient de donner l'Apologie de la révocation de l'édit de Nantes, livre dans lequel on parle de votre personne avec autant d'indécence, de fausseté et de malignité, que de vos Mémoires de Brandebourg. Vous forcerez vos ennemis à la paix par vos victoires, et au silence par votre philosophie. La postérité ne juge point sur les factums des parties; elle juge, comme V. M. le dit très-bien, sur les faits avérés par des historiens désintéressés. Je m'amuse à écrire l'histoire de mon siècle; ce sera un grand honneur pour moi, et une grande preuve de la vérité, si, dans ce que j'oserai avancer, je me rencontre avec ce que V. M. daignera certifier. La voix dans le désert annonçait qui vous savez; et, quoiqu'on ne soit pas digne de chausser certaines gens, cependant on est précurseur.

Je ne peux écrire de ma main, parce qu'il fait un vent de bise qui me tue, et que d'ailleurs je ne veux pas que les hussards connaissent mon écriture. Si vous aviez connu mon cœur, j'aurais vécu auprès de vous sans m'embarrasser des hussards.

A vos pieds avec un profond respect.a

352. DU MÊME.

Aux Délices, 27 mars 1759.

Sire, je reçois la lettre dont Votre Majesté m'honore, écrite le 2 mars, de la main de votre secrétaire, mon compatriote suisse,b


b Voyez t. XV, p. 37.

a Ces mots sont de la main de Voltaire.

b De Catt. Voyez l'Avertissement en tête de notre t. XXI.