<218>une lettre plus étendue, accompagnée de quelques échantillons de porcelaine que les connaisseurs approuvent, et qui se fait à Berlin.

Je souhaite que votre gaîté et votre bonne humeur vous conservent encore longtemps pour l'honneur du Parnasse et pour la satisfaction de tous ceux qui vous lisent. Vale.

453. AU MÊME.

Potsdam, 16 septembre 1772.

J'ai reçu du Patriarche de Ferney des vers charmants, à la suite d'un petit ouvrage polémique qui défend les droits de l'humanité contre la tyrannie des bourreaux de conscience. Je m'étonne de retrouver toute la fraîcheur et le coloris de la jeunesse dans les vers que j'ai reçus; oui, je crois que son âme est immortelle, qu'elle pense sans le secours de son corps, et qu'elle nous éclairera encore après avoir quitté sa dépouille mortelle. C'est un beau privilége que celui de l'immortalité; bien peu d'êtres, dans cet univers, en ont joui. Je vous applaudis et vous admire.

Pour ne pas rester tout à fait en arrière, je vous envoie le sixième chant des Confédérés, avec une médaille qu'on a frappée à ce sujet.a Tout cela ne vaut pas une des strophes que vous m'avez envoyées; mais chaque champ ne produit pas des roses; on ne peut donner que ce qu'on a. Vous voyez que ce sixième chant m'a occupé plus que les affaires, et qu'on me fait trop d'honneur en Suisse de me croire plus absorbé dans la politique que je le suis.


a Cette médaille avait été gravée par Jacques Abraham, à Berlin. La face, représentant le buste du Roi couronné de lauriers et regardant à droite, a pour légende Fridericus Borussorum Rex; sur le revers on voit le Roi en costume antique, assis à gauche, et la main appuyée sur les écussons de Prusse et de Pomérellie; une femme à genoux lui présente la carte de sa nouvelle acquisition; la légende porte les mots : Regno Redintegrato, et l'exergue : Fides Praestita Marieburgi. MDCCLXXII.