<273>tout ce qui s'ensuit, fait de vous l'homme le plus rare qui ait jamais existé. Je remercie mille fois V. M. du beau présent qu'elle a daigné me faire. Grand Dieu! que tout cela est net, élégant, précis, et surtout philosophique! On voit un génie qui est toujours au-dessus de son sujet. L'histoire des mœurs, du gouvernement et de la religion est un chef-d'œuvre. Si j'avais une chose à souhaiter, et une grâce à vous demander, ce serait que le roi de France lût surtout attentivement l'article de la religion, et qu'il envoyât ici l'ancien évêque de Mirepoix.

Sire, vous êtes adorable. Je passerai mes jours à vos pieds. Ne me laites jamais de niches. Si des rois de Danemark, de Portugal, d'Espagne, etc., m'en faisaient, je ne m'en soucierais guère; ce ne sont que des rois. Mais vous êtes le plus grand homme qui peut-être ait jamais régné.

Et notre sixième chant, Sire, l'aurons-nous?

284. DU MÊME.a

(1750.)

Sire, je rends à Votre Majesté ses six chants, et je lui laisse carte blanche sur la victoire. Tout l'ouvrage est digne de vous, et quand je n'aurais fait le voyage que pour voir quelque chose d'aussi singulier, je ne devrais pas regretter ma patrie.

Je vais éplucher l'ode. Mais, Sire, on n'est pas toujours perché sur la cime du Parnasse; on est homme. Il règne des maladies; je n'ai pas apporté ici une santé d'athlète, et l'humeur scorbutique qui me mine me rend le plus véritablement malade de tous ceux qui le sont. Je suis absolument seul du matin au soir; je n'ai de consolation que dans le plaisir nécessaire de prendre l'air. Je veux me promener et travailler dans votre jardin de Potsdam. Je crois que cela est permis; je me présente en rêvant, je trouve de grands diables de grenadiers qui me mettent des baïonnettes


a Cette lettre est tirée du journal Der Freymüthige, 1804, p. 6.