<133>Pour tout malade inquiété,
A l'œil jaune, à l'air hypocondre,
Exilé par la Faculté
Pour se baigner et se morfondre,
Et se tuer pour la santé,
Que Voltaire est un grand remède;
Que deux mots et son air malin
Savent dissiper le chagrin,
Et que son pouvoir ne le cède
A Hippocrate ni Galien.

De là, si vous voulez venir habiter ces contrées, je vous y promets un établissement dont je me flatte que vous serez satisfait, et surtout d'être au-dessus des tracasseries et des persécutions des bigots. Vous avez souffert trop d'avanies en France pour y pouvoir rester avec honneur; vous devez quitter un pays où l'on poignarde votre réputation tous les jours, et où des Midas occupent les premiers emplois.

Adieu, cher Voltaire; mandez-moi, je vous prie, vos sentiments, et soyez sûr des miens.

204. DE VOLTAIRE.

La Haye, 28 juin 1743.

Sous vos magnifiques lambris,
Très-dorés autrefois, maintenant très-pourris,
Emblème et monument des grandeurs de ce monde,
O mon maître! je vous écris,
Navré d'une douleur profonde.
Je suis dans votre Vieille-Cour,
Mais je veux une cour nouvelle,
Une cour où les arts ont fixé leur séjour,
Une cour où mon roi les suit et les appelle,
Et les protége tour à tour.
Envoyez-moi Pégase, et je pars dès ce jour.