<118>ment des comédies dans son palais. La troupe qui a joué devant elle n'est pas probablement comme ses troupes guerrières; elle n'est pas, je crois, la première de l'Europe.

Je pense avoir trouvé un jeune homme d'esprit et de mérite, qui fait fort joliment des vers, et qui sera très-capable de servir aux plaisirs de mon héros, de conduire ses comédiens, et d'amuser celui qui peut tenir la balance entre les princes de ce monde. Je compte être dans quinze jours à Paris, et alors j'en donnerai des nouvelles plus positives à V. M.

J'espère aussi lui envoyer deux ou trois siècles de plus; mais il me faut autant de livres que vous avez de soldats, et ce n'est guère qu'à Paris que je pourrai trouver tous ces immenses recueils dont je tire quelques gouttes d'élixir.

Je me flatte qu'à présent V. M. jouit de la belle collection du cardinal de Polignac.

Roi très-sage, voilà donc comme
Vous avez pour vingt mille écus
Tout le salon de Marius!

Mais pour ces antiques vertus
Qu'on ne rapporte plus de Rome,
Le don de penser toujours bien,
D'agir en prince et vivre en homme,
Tout cela ne vous coûte rien.

Je viens de voir les Hanovriens et les Hessois en ordre de bataille; ce sont de belles troupes, mais cela n'approche pas encore de celles de V. M., et elles n'ont pas mon héros à leur tête. On ne croit pas que, cet hiver, elles sortent de leur garnison. On disait qu'elles allaient à Dunkerque; le chemin est un peu scabreux, quoiqu'il paraisse assez beau.

Sire, que V. M. conserve ses bontés à son éternel admirateur.