<55>Les myrtes, les lauriers, soignés dans ce canton,
Attendent que, cueillis par les mains d'Émilie,
Ils servent quelque jour à te ceindre le front.
J'en vois crever Rousseau de fureur et d'envie.

Je viens de recevoir l'Enfant prodigue. II est plein de beaux endroits; il n'y manque que la dernière main.

Vos lettres me font un plaisir infini; mais je vous avoue que je leur préférerais de beaucoup la satisfaction de m'entretenir avec vous, et de vous assurer de vive voix de la plus parfaite estime avec laquelle je suis à jamais, monsieur, etc.

18. DE VOLTAIRE.

(Cirey) 17 avril 1787.

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Voilà, monseigneur, les réflexions que vous m'avez ordonné de faire sur cette odea dont V. A. R. a daigné embellir la poésie française. Souffrez que je vous dise encore combien je suis étonné de l'honneur que vous faites à notre langue; et, sans fatiguer davantage votre modestie de tout ce que m'inspire mon admiration, je suis venu au détail de chaque strophe. Après avoir cueilli avec V. A. R. les fleurs de la poésie, il faut passer aux épines de la métaphysique.

J'admire avec V. A. R. l'esprit vaste et précis, la méthode, la finesse de M. Wolff. Il me paraît qu'il y a de la honte à le persécuter, et de la gloire à le protéger. Je vois avec un plaisir extrême que vous le protégez en prince, et que vous le jugez en philosophe.

V. A. R. a senti en esprit supérieur le point critique de cette Métaphysique, d'ailleurs admirable. Cet être simple dont il parle donne naissance à bien des difficultés. Il y a, dit-il, art. XVI, des êtres simples partout où il y a des êtres composés. Voici ses propres paroles : « S'il n'y avait pas des êtres simples, il  »


a L'Ode sur L'Oubli. Voyez ci-dessus, p. 39.