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11. DU BARON DE PÖLLNITZ.

Berlin, 13 décembre 1749.



Sire,

Si je n'avais pas plus de confiance dans les bontés de Votre Majesté que j'en ai dans mon propre mérite, je n'entreprendrais pas à lui demander une grâce; mais, étant convaincu, Sire, que je m'adresse au meilleur des maîtres, c'est sans craindre de vous déplaire que j'ose représenter très-humblement à V. M. qu'il y a cinq ans que, ayant eu le malheur de lui déplaire, il lui a plu de me retrancher deux cents écus de mes appointements.a J'ai subi ce châtiment, Sire, avec toute la résignation que je dois aux volontés de V. M., fortement persuadé que, si j'étais obligé de reconnaître sa justice lorsqu'elle me punissait, je reconnaîtrais aussi un jour qu'elle sait parfaitement pardonner. Cette idée, Sire, m'est tellement imprimée, que je ne doute pas que, après que V. M. a bien voulu oublier ma conduite passée, elle voudra bien aussi que je participe à ses bienfaits lorsque l'occasion s'en présentera. J'ose, Sire, représenter très-humblement à V. M. que la mort du chambellan Riedel pourrait faire naître cette occasion. Il avait mille écus de pension, destinés de tout temps à l'entretien des inutiles de sa cour. V. M. sans doute n'en changera pas l'usage, et, si tel était son bon plaisir, je la supplie très-humblement, en qualité de premier et de plus ancien inutile de sa cour, de vouloir bien que je rentre dans la jouissance des deux cents écus dont j'ai été privé. Si je suis assez heureux, Sire, d'obtenir cette grâce, ma vieillesse pourra en être soulagée par l'entretien d'un équipage dont la commodité prolongera peut-être des jours que j'ai consacrés à admirer, aimer et respecter V. M., de qui je serai toute ma vie, avec beaucoup de zèle et de soumission, etc.


a Ce retranchement avait réduit les appointements du baron à douze cents écus.