<59>disent que ce sont les quatrains de Pibrac mis en action. Je n'ai point vu cette nouveauté, Sire; je suis retenu ici par une humeur de goutte qui s'est réunie à mes autres incommodités. Ma triste expérience me fait admirer bien plus qu'autrefois encore la tranquillité avec laquelle j'ai vu V. M. souffrir les douleurs de cette cruelle maladie. Puisse-t-elle en être préservée pour longtemps! Cet hiver est bien long, et je crains toujours pour votre santé, Sire, l'espèce de solitude à laquelle vous vous condamnez pendant cette saison. V. M. permettra bien à un ancien domestique, toujours également et respectueusement dévoué, de lui montrer à cet égard ses alarmes et ses vœux. Je suis, etc.

34. DU MÊME.

Le 8 juillet 1755.



Sire,

Pendant que Votre Majesté se promenait en Hollande dans un incognito qui a bien dû l'amuser, mais que les gens qui ne connaissent pas tout ce que V. M. peut faire n'imaginent jamais pouvoir marcher avec la royauté, j'étais à Liége, où j'ai consulté les plus habiles médecins sur mon état et sur l'effet que je pouvais attendre des eaux de Spa. Ils m'ont annoncé que je ne pouvais en faire usage qu'après deux mois ou six semaines au moins de remèdes et de régimes préparatoires; qu'il fallait, après, boire de la Sauvenièrea pendant quatre semaines; et, comme tout cela ne pouvait pas s'accorder avec le temps de mon congé et l'état de mes finances, que d'ailleurs, Sire, grâce aux bontés infinies que vous avez daigné me marquer, la satisfaction et le mouvement que m'a occasionnés ce voyage m'ont donné plus de santé que je n'en ai eu depuis bien longtemps, j'ai pris mon parti de revenir tout doucement ici, puisqu'aussi bien j'avais rempli si délicieusement pour mon cœur l'objet principal de ma course.


a Une des sources de Spa.