<32>méprisé en Italie, qu'on l'achète pour quarante écus. Ce n'est pas la peine de vous faire faire mamamouchi, vous n'avez qu'à vous faire couper six cheveux de tonsure; cela est plus court, et on rira moins d'une tonsure que d'un ordre qui ne donne aucun lustre. Vos médecins français entendent parfaitement, à ce que je vois, l'art de vous faire rendre bourse. Vous reviendrez ici comme vous êtes parti, et vous ne guérirez que par l'exercice; c'est ce que mon ignorance ose vous assurer.

Voltaire s'est conduit ici en faquin et en fourbe consommé; je lui ai dit son fait comme il le mérite. C'est un misérable, et j'ai honte pour l'esprit humain qu'un homme qui en a tant soit si plein de malfaisance. Je me recommande au souvenir de M. le chevalier. Pour Dieu, si vous vous faites mamamouchi, avertissez-m'en d'avance; je pourrais mourir de rire en vous revoyant, ce qui ne serait pas décent.

9. AU MÊME.

Potsdam, juin 1752.

J'ai reçu votre lettre, et je vous prie de défendre à votre esprit de recevoir des impressions de mélancolie. Vous serez reçu ici de même que vous avez été congédié à votre départ, et je serai même assez bon de vous plaindre, au lieu de rire de ce que vous avez dépensé votre argent mal à propos en France. Je ne vous ferai pas même souvenir que je vous ai prophétisé tout ce qui vous est arrivé, et, en cas que vous soyez devenu mamamouchi de Saint-Jean de Latran, je n'en rirai pas même, pourvu que j'en sois averti d'avance. Adieu, mon bon Darget; je vais à l'Opéra.