<285>reux voyage, et je vous assure que mon amitié et mon estime vous accompagnent partout.

37. AU MÊME.

(Breslau) 10 avril 1762.

Mon nez est bien le plus impertinent nez de l'univers, mon cher mylord. Je suis honteux des soins qu'il vous donne; je vous en demande pardon, et je serais plus confus encore, si je ne savais que vous compatissez aux faiblesses de vos amis, et que depuis longtemps vous avez eu une indulgence singulière pour mon nez. Je suis bien aise de vous savoir heureusement de retour dans votre gouvernement; vous y goûterez quelque repos. Pour moi, il y a une grande péripétie dans ma situation. Je me reviens comme un mauvais auteur qui, ayant fait une tragédie embrouillée, a recours à un dieu de machine pour trouver un dénoûment. L'empereur de Russie fait des merveilles, je lui ai les plus grandes obligations. Nous irons loin avec cet homme; il est capable de forcer les obstinés à la paix.a Je suis dans des accès de négociation qui, j'espère, me prépareront une bonne campagne. Il faut encore faire celle-ci; j'espère et je crois que ce sera la dernière. Je soupire bien après la paix, mon cher mylord; ballotté par la fortune, vieux et décrépit comme je le suis, il n'y a plus qu'à cultiver mon jardin. Adieu, mon cher et vieil ami; je me flatte toujours de vous revoir encore un jour, si je vis, et que la paix se fasse. Je vous embrasse de tout mon cœur.


a Voyez t. XIX, p. 358.