<241>On prétend que vos affaires sont ruinées au point que vous avez été obligé de congédier tout votre monde et de vous réduire sur le petit pied. Cela m'a fait naître l'idée de vous recueillir ici, où cependant vous serez entièrement maître de votre personne, et de vous aider d'une pension de deux mille écus. Il dépend de vous d'accepter ou de refuser ce parti, selon que vous le trouverez convenable ou non pour vos circonstances où vous vous trouvez. Au moins venez-vous l'envie que j'ai de vous rendre quelque service. J'espère que vous recevrez mon offre sur ce pied-là, et que vous serez persuadé du vrai désir que j'ai de vous voir heureux et content. Adieu.

56. AU MÊME.

Potsdam, 13 novembre 1774.

Monsieur le comte de Hoditz, l'abbé Bastiani ne vous a rien dit que ce que mon cœur sentait pour vous à la nouvelle de tous les malheurs qui vous accablent. Il a été le fidèle interprète de mes sentiments, et votre lettre du 4 de ce mois me fait juger qu'il n'a rien négligé pour vous convaincre de la tendre part que j'y ai prise, et du désir vif et sincère que j'ai de répandre sur vos jours ces douceurs et ces agréments que vous méritez à si juste titre. Oui, cher comte, c'est l'unique motif de l'offre que je vous ai fait faire par le susdit abbé de venir vous établir auprès de votre ami, et cet établissement a trop de charmes pour moi, pour ne point vous réitérer mes instances de le réaliser. Mais je suis trop discret pour l'exiger plus tôt que vos affaires domestiques ne vous le permettront. Vous serez plutôt entièrement le maître de remplir mes vœux quand vous le jugerez à propos. Il me suffit que mon idée ne vous répugne point; je m'en remets pour l'exécution à votre bon plaisir, et je trouverai même dans mon attente l'avant-goût du plaisir que j'aurai de vous posséder pour toujours. Donnez pour cet effet tous vos soins au rétablissement de