<49>

41. AU MÊME.

Ce 14 au soir.

J'ai reçu, mon cher marquis, votre lettre avec celle de l'abbé. Sa lettre vous est arrivée au temps qu'il a déjà été relâché. Les ordres en ont été donnés il y a cinq jours. Marquez-lui, s'il vous plaît, que, malgré ses procédés, qui n'ont pas été nets à mon égard, je sais m'arrêter dans mes ressentiments; que, pourvu qu'il devienne sage, je trouverai à l'accommoder de quelque bénéfice, ce qui lui est d'autant plus indispensable, que presque toutes les portes catholiques orthodoxes lui sont fermées. Vous m'écrivez de bougies, ici on me parle de harengs. En vérité, tant valait-il faire la guerre encore que devenir revendeur sur mes vieux jours. Je vais au gros de l'arbre, mon cher, je règle le change et autres choses d'une plus grande influence dans l'État. Le pain et la viande entrent dans cette catégorie; mais les harengs, les bottes, les bougies s'arrangeront d'elles-mêmes quand le gros sera réglé. Adieu, mon cher; j'ai chiffré toute la longue journée, je suis fatigué. Adieu donc; je vous embrasse.

42. AU MÊME.

Münsterberg, 23 avril 1758.

Adieu, mon cher marquis; je vous crois à présent de retour à Berlin. Allez à Charlottenbourg quand et comme vous le voudrez, et voyagez pour ne revenir qu'au commencement d'octobre. Je suis charmé de ce que vous vous portez mieux. J'ai tremblé pour vous, mais j'espère que l'exercice, le voyage en terre natale et votre retour vous guériront tout à fait. Pour moi, mon cher, je vais combattre des moulins à vent et des autruches, ou des Russes et des Autrichiens. Adieu, mon cher; je suis dans le travail de l'enfantement. Je ne saurais guère vous en dire davantage,