<47>des pelisses et des capotes toutes prêtes pour vous bien empaqueter. Vous verrez le beau mausolée du Bernin dans la cathédrale, si vous en avez envie, et vous trouverez toutes les commodités que vous pourrez désirer. Il dépendra de vous de prendre madame d'Argens avec vous. Adieu, mon cher marquis; j'attends votre réponse comme un criminel sa sentence ou son pardon.

39. AU MÊME.

(Dürgoy, près de) Breslau, 19 décembre 1757.

Votre amitié vous séduit, mon cher; je ne suis qu'un polisson en comparaison d'Alexandre, et indigne de délier les cothurnes à César. La nécessité, qui est la mère de l'industrie, m'a fait agir et recourir à des remèdes désespérés dans des maux de même nature. Nous avons pris ici quatorze à quinze mille prisonniers, de sorte qu'en tout j'ai au delà de vingt-trois mille hommes des troupes de la Reine entre mes mains, quinze généraux, et passé sept cents officiers. C'est un emplâtre sur mes blessures; mais cela ne répare pas le tout. Je vais marcher à présent du côté des montagnes, pour y régler la chaîne des quartiers, et, si vous voulez venir, vous trouverez les chemins libres et assurés. J'ai été affligé de la trahison de l'abbé; mais la chose n'est que trop certaine. La séduction s'est faite cet hiver, à Dresde; il m'a vendu indignement, et, comme il s'est trouvé dans mon armée, il a averti l'ennemi de tout ce qui est parvenu à sa connaissance. Depuis que je l'ai fait arrêter, mes démarches ont été cachées, et tout a bien réussi. Adieu, cher marquis; vous savez que je vous aime. Ne me refusez pas la consolation que je trouve dans votre compagnie, et venez me joindre bientôt.