<334>et toute la tranquillité de l'Europe résident sur sa personne, etc.; V. M. sent tout ce que contient cet etc.

J'ai vu ici le ministre russe,a qui vient d'arriver; c'est, à ce qu'il me paraît, un homme très-sage, très-attaché à son maître, et entièrement dépouillé du ridicule mystérieux de la plus grande partie des politiques et de bien des ministres. Je suis convaincu que V. M. sera contente de celui-ci, s'il a jamais l'honneur de la voir.

Quand aurons-nous donc, Sire, le plaisir et le bonheur de vous voir ici? Jamais le Messie ne fut attendu avec plus d'impatience, et jamais son arrivée ne fut aussi nécessaire aux juifs que la vôtre ne peut l'être. Mais je sens, ainsi que tous les gens raisonnables, qu'il faut prendre patience et songer que, après avoir obligé vos ennemis à faire la paix, vous rétablirez bientôt ce que votre absence peut avoir dérangé. Le proverbe le plus vrai, Sire, c'est celui que, quand le chat n'y est pas, les rats dansent. J'ai l'honneur, etc.

255. AU MARQUIS D'ARGENS.

Bögendorf, 21 juillet 1762.

Nos affaires, mon cher marquis, commençaient à prendre un train assez honnête, quand tout à coup je me vois dérangé par un de ces événements politiques que l'on ne peut prévoir ni empêcher; vous l'apprendrez de reste.a La paix que j'ai faite avec la Russie subsistera; mais l'alliance s'en va à vau-l'eau. Les troupes retournent toutes en Russie, et me voici réduit à moi-même. Cependant nous avons encore frotté deux détachements d'Autrichiens. Il faut voir si cela pourra nous mener à quelque chose de solide; j'en doute, et me voilà de nouveau dans une si-


a Le prince Repnin.

a L'empereur Pierre III, détrôné le 9 juillet 1762, mourut le 17. Voyez t. V, p. 214 et 215, et t. XVIII, p. 170.