<312>ces deux puissances contre la maison d'Autriche. L'ouvrage n'était pas facile, et il a fallu concilier comme on a pu des intérêts si différents, pour les amener à ce point de réunion où les voilà; c'est un paroli au même à ce que Kaunitz m'a fait, et, si la Providence y consent, je pourrai rendre à mes ennemis tout le mal qu'ils m'ont fait et m'ont voulu faire. Ne vous étonnez donc plus de mon inaction, et soyez sûr que, dès que ma machine sera montée, j'agirai plus en un mois que je n'ai pu dans une année, les campagnes précédentes. C'est un grand événement, et qui doit laisser à la postérité, au moins pour un demi-siècle, des vestiges de cette guerre obstinée et cruelle. Réjouissez-vous, mon cher; désormais vous ne pouvez avoir que de bonnes nouvelles de nos armées. Juillet et août seront les mois de nos plus grands progrès; tous les pas que nous ferons nous achemineront à la paix et à la félicité de notre pauvre nation. Je commence à me flatter que je trouverai du baume pour nos plaies, ou de l'onguent pour la brûlure, comme vous voudrez. Adieu, mon cher marquis. On n'est pas en état de mander souvent des nouvelles de cette importance; je vous les donne avec plaisir, persuadé comme je le suis de la part que vous prenez à ce qui me regarde et à la prospérité du pays que je gouverne. Je vous embrasse, et je me flatte sérieusement de vous revoir à Sans-Souci. Adieu.

238. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 3 mai 1762.



Sire,

Votre Majesté aura pu juger d'avance de la joie que j'aurais en recevant la dernière lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire. J'ai été d'autant plus charmé, que, connaissant tout le bien qui pouvait arriver de l'Orient, je n'avais jamais été persuadé que ce bonheur nous arrivât. C'est à présent, Sire, qu'il faut songer à conserver votre santé, pour achever de conduire toutes les choses