<287>quer de meilleures nouvelles encore, si la fortune me seconde. Enfin vous pouvez respirer, et nous pouvons espérer, sans être les plus ridicules des mortels, que nous trouverons une bonne fin à nos tribulations. La poste va partir; je ne vous marque ceci que pour vous donner quelque joie, en vous assurant de ma sincère amitié.

216. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 2 février 1762.b



Sire,

Votre Majesté peut bien penser quelle doit avoir été ma joie en recevant sa lettre; c'est le jour le plus heureux de ma vie. J'ai toujours été persuadé qu'à la fin tous les projets de vos ennemis s'en iraient en fumée; mais je craignais que, avant qu'il n'arrivât quelque événement décisif, vous ne succombassiez sous les fatigues que vous avez essuyées depuis six ans. Enfin, après un orage épouvantable, le calme est revenu, et je connais trop l'étendue de vos lumières pour ne pas être assuré que vous profiterez autant qu'il vous sera possible du tour heureux que prennent les affaires. Vous devriez bien, par pitié, me donner encore quelque bonne nouvelle. J'ai déjà relu, sans exagération, depuis six heures trente fois votre lettre, et, avant que la journée finisse, je la relirai bien encore autant de fois. Mais il me semble que vous ne m'avez dit que la moitié des choses heureuses qui sont arrivées. Vous m'avez traité comme un malade qui, par sa faiblesse, ne peut pas encore soutenir tout à fait le grand jour. Dans le fond, vous n'avez pas mal agi pour ma pauvre cervelle, car encore un degré de plus de plaisir, je n'aurais pas répondu d'elle. Oh! si j'avais à présent le bonheur d'être auprès de V. M., que je lui dirais de choses! Il s'en présente tant à mon esprit, que je crois


b Cette lettre, qui est la réponse à celle de Frédéric, du 2 février, est évidemment mal datée.