<242>plus quand il apprendrait que tous ces événements ont été causés par les conseils d'une petite caillette de la rue Saint-Denis et sous la direction d'un mauvais poëte sorti du séminaire de Saint-Sulpice.

Les nouvelles que V. M. m'a fait la grâce de m'écrire m'ont causé un plaisir infini. Je vois qu'elle jouit d'une parfaite santé, et, quant aux suites de la guerre, je n'en serai jamais inquiet, dès que je saurai que vous pouvez agir à la tête de vos armées. Je suis très-persuadé que vos ennemis seront à la fin forcés de vous accorder une paix bonne et honorable, et que tous leurs vains efforts n'auront servi qu à donner un nouvel éclat à votre gloire et à immortaliser votre constance et votre fermeté. J'ai l'honneur, etc.

183. AU MARQUIS D'ARGENS.

Camp de Pülzen, 9 juillet 1761.

Votre lettre, mon cher marquis, me fournirait matière à un gros commentaire philosophique. Il faudrait donc examiner l'étendue de la raison humaine, les nuages qui l'obscurcissent, et les illusions qui lui font erreur. J'aurais à citer quantité d'exemples que l'histoire fournit des faux raisonnements et de la mauvaise dialectique de ceux qui gouvernent les États, et on trouverait, si l'on y prenait bien garde, que la façon différente d'envisager les objets, les préjugés, les passions, quelquefois un excès de raffinement, pervertissent ce bon sens naturel qui semble le partage de tous les hommes, au point que les uns rejettent avec mépris ce que les autres désirent avec chaleur. Vous n'avez qu'à donner de l'étendue à ces réflexions et les appliquer à ce que vous m'écrivez, pour deviner tout ce que je pourrais vous dire sur ce sujet.

Je suis fâché que vous n'ayez pas continué à prendre tranquillement vos eaux à Sans-Souci. Quoique votre inquiétude soit une marque de la part que vous prenez à ma situation, je