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1. AU COMTE ALGAROTTI.

Remusberg, 1er septembrea 1739.

Élève d'Horace et d'Euclide,
Citoyen aimable et charmant
Du pays du raisonnement,
Où règne l'arbitre du vide,
Les calculs et les arguments;
Naturalisé par Ovide
Dans l'empire des agréments,
Où la vivacité charmante,
L'imagination brillante,
Préfèrent à la vérité
La fiction et la gaîté;
Nouvel auteur de la lumière,
Phébus de ton pays natal,
C'est ta brillante carrière,
C'est ta science qui l'éclaire,
Qui déjà lui sert de fanal.
La souplesse de ton génie
Te fit naître pour les talents;
C'est Newton en philosophie,
Le Bernin pour les bâtiments,
Homère pour la poésie,
Homère, qui faisait des dieux
Comme les saints se font à Rome,
Où l'on place souvent un homme
Très-indignement dans les cieux.
Oui, déjà Virgile et le Tasse,
Surpris de tes puissants progrès,
Poliment te cèdent la place
Qu'ils pensaient tenir pour jamais.


a Cette date est inexacte, car Frédéric ne fit la connaissance d'Algarotti que vers la fin de septembre. Voyez t. XIV, p. VI, et les lettres de Frédéric à son père, du 25 septembre, à Suhm, du 26 septembre, et à Voltaire, du 10 octobre 1739.