<142>pressions de notre cerveau pour nous détruire ensuite nous-mêmes.

Je me faisais un objet de joie de mon retour; maintenant je crains Berlin, Charlottenbourg, Potsdam, en un mot, tous les endroits qui me fourniront un funeste souvenir d'amis que j'ai perdus pour jamais. Soyez tranquilles à Berlin; à moins de grands revers, qu'il est impossible de prévoir, je ne vois pas l'ombre de danger, et si le sort n'a pas résolu de nous abîmer, je ne vois point ce qu'il y a à craindre. Je suis, madame, avec la plus sincère estime


Votre très-fidèle ami,
Federic.

8. A LA MÊME.

(Semonitz) 10 septembre 1745.



Madame,

Vous savez que j'ai perdu un ami que j'aimais autant que moi-même, et dont je vénère encore la mémoire. Je vous prie, par tous les motifs de l'estime que j'ai pour vous, de servir, avec Knobelsdorff, de tutrice à la pauvre Adélaïde,a tant pour avoir soin de sa santé et de son jeune âge que de son éducation lorsque le temps en sera. Vous connaissez la grand' mère, et savez qu'elle n'est pas capable d'élever une fille. Comme je désire que celle-ci soit digne de son père, je demande de l'amitié que vous m'avez toujours témoignée que vous preniez ce reste de mon cher Keyserlingk sous votre protection, et que, à présent et dans un âge plus mûr, vous assistiez la mère de vos conseils et la fille de vos soins. Je regarderai cette attention comme si vous l'aviez pour moi-même, et si quelque chose se peut ajouter à l'estime que j'ai pour vous, soyez sûre que ce choix que je fais de vous, et l'assurance que j'ai que vous l'accepterez, vous fera regarder de moi avec encore plus de considération que jamais. Comme vous


a Fille unique du baron de Keyserlingk. Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse mit seinen Verwandten und Freunden, p. 109 et 110.