3. AU MÊME300-+

Spandow, 15 juillet 1733.

Ce n'est pas faute de volonté, mais bien d'occasion, que je ne vous ai pas pu assurer, mon cher, de ma constante amitié. Je passe exprès sur des temps où la fatalité nous persécuta également tous deux, et je crois qu'en ces sortes de cas il faut penser à un heureux avenir, et oublier tout ce que le passé a eu de funeste et de fâcheux. Cependant, mon cher, je puis vous assurer que vos malheurs m'ont été plus sensibles que les miens propres; et comme vous savez que, quand je suis ami, je le suis véritablement, vous pouvez juger de ce que j'ai souffert sur votre sujet. Mais brisons sur une matière aussi odieuse qu'affligeante, et revenons-en au présent. Vous savez que ma situation a changé de beaucoup à son avantage; mais vous ne savez pas, peut-être, que l'on grave bien profondément dans le marbre, et que cela y reste toujours. Je n'ai pas besoin de vous en dire davantage, car de là vous pouvez comprendre à peu près l'état de ce qui nous regarde. Pour ce qui me regarde, vous pouvez compter sur mon estime, sur mon amitié et mon assistance. J'ai toujours à votre égard les <271>sentiments que j'ai conservés d'autrefois. J'espère qu'un temps viendra qui m'ouvrira des occasions à vous le témoigner. Comptez, mon cher, que ce ne sont point des paroles, mais des réalités dont je vous donnerai pour preuves mes actions. Adieu, cher ami; je suis tout à vous.

F......c.

Attachez-vous au porteur de celle-ci, qui est mon très-fidèle ami.


300-+ J'ai reçu cette lettre, avec une petite bague, le 26 de juillet 1733.