<303>Je n'ai pas pu m'empêcher, comme Saxon, de compatir au sort qu'a éprouvé la Saxe; mais mon admiration pour tout ce qui s'y est passé n'en est pas moins au-dessus de l'expression.

Les manœuvres savantes et judicieuses de V. M. offrent un canevas fort étendu à la méditation; je ne puis assez l'admirer, et, depuis Alexandre et César, je ne vois rien de si grand et de si frappant.

La conduite que V. M. a tenue dans cette guerre contre les Saxons ressemble et surpasse assurément les belles et rapides expéditions de ces deux grands hommes, qui entreprenaient des guerres et les terminaient en peu de jours.

Recevez avec bonté, Sire, cet hommage qui ne peut être soupçonné de flatterie, et que l'admiration du sublime m'arrache malgré l'amertume qu'un si grand événement a dû naturellement répandre dans mon âme.

J'ai, etc.

Maurice de Saxe.

3. DU MÊME.

Camp de Bouchant, 20 mai 1746.a



Sire,

J'ai reçu, il y a deux jours, la lettre que Votre Majesté m'a fait la grâce de m'écrire le 10 de ce mois.

Je ne mérite pas, Sire, les éloges dont V. M. m'honore, et ils ne servent qu'à me faire rentrer en moi-même, et me faire concevoir combien peu j'en suis digne. Ce n'est donc pas par amour-propre, mais par obéissance, que j'ai l'honneur de me conformer aux ordres que V. M. veut bien me donner, et que je vous rends compte, Sire, des opérations de l'armée qu'il a plu à Sa Majesté Très-Chrétienne de me confier. Vous y remarquerez peut-être


a Dans les Lettres et mémoires choisis parmi les papiers originaux du maréchal de Saxe, Paris, 1794, t. II, p. 200, cette lettre ne porte que la date inexacte : Du 19 mai 1746.