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24. DE M. DUHAN.

Le 22 novembre 1745.



Sire,

Croyant Votre Majesté à la veille de quelque bataille, je lui avoue que je n'ai pas l'esprit assez tranquille pour lui écrire philosophiquement, comme elle me l'avait ordonné. Toute ma philosophie consiste présentement à prier Dieu qu'il conduise V. M., qu'il la préserve de tout accident, et qu'il lui accorde sur ses ennemis des avantages tels, qu'ils soient obligés de lui demander la paix. Je suis persuadé, Sire, que V. M. implore de toute son âme l'assistance de son Créateur, qu'elle le prie de lui pardonner les erreurs où elle peut être tombée, et que, dans une ferme résolution de s'attacher à lui, elle donnera ses ordres avec son intrépidité ordinaire, et attendra tout de la bénédiction du ciel.

Pardonnez-moi, Sire, la brièveté de cette lettre. Je vous écrirai en philosophe quand vous serez vainqueur; maintenant je ne puis parler qu'en chrétien, ayant l'honneur d'être avec un profond respect, etc.

25. A M. DUHAN.

Ostritz, 28 novembre 1745.



Mon cher Duhan,

Dieu merci, votre lettre m'est venue comme j'ai fini mon expédition, après avoir rechassé le prince Charles entièrement de la Lusace, et lui avoir pris trois magasins. Je ne vous entretiens point de faits de guerre, car je crois que mon expédition est assez publique à présent, et que vous en savez tous les détails.

Philosophez à présent à votre aise, et n'appréhendez rien, car nos affaires sont, Dieu merci, en assez bon état. Je me flatte d'avoir sauvé ma patrie du plus cruel de tous les malheurs, et