<290>cure le plaisir de vous assurer encore une fois de la tendre amitié et de la reconnaissance que j'ai pour vous.

Federic.

20. AU MÊME.

Camp de Trautenau, 10 octobre 1745.



Mon cher Duhan,

Je crois que vous êtes un antidote pour les batailles, car, l'année passée, nous avons l'ait ce que nous avons pu pour nous battre, sans y pouvoir réussir, et, cette année, il semblait que la journée de Friedeberg devait suffire, et nous avons été obligés, sans en avoir autrement envie, de donner sur les oreilles aux Autrichiens. J'espère que, pour cette fois, ils en auront assez, et que les vœux du public seront satisfaits. Vous savez que je suis philosophe, et vous devez bien penser que je suis aussi modéré à présent que je l'ai toujours été. Vous me trouverez peut-être un peu plus sage que par le passé, moins ambitieux, et toujours dans la constante résolution de faire honneur à mon vieux maître, soit dans la guerre, soit dans la paix.

Adieu, mon ami. Je crains fort que vous ne m'écrirez plus, et qu'il faudra prendre des villes, livrer des batailles, ou attendre jusqu'à quelque jubilé pour recevoir de vos nouvelles. Je vous accuserais volontiers de paresse, si l'ancienne considération que j'ai pour vous ne m'empêchait de qualifier ainsi le silence obstiné d'un homme qui n'a rien à faire.

Ne m'oubliez point, et que je vous trouve à Berlin le 3 de novembre, que je compte d'y être. Je suis avec toute l'estime possible

Votre bien fidèle ami,
Federic.