<281>Pour vous rendre en quelque façon compte de mes autres occupations, je vous envoie, pour ce qui est du département de la poésie, une pièce qui, à la vérité, est écrite dans un esprit philosophique, mais où cependant la gravité philosophique est couronnée de fleurs.b Le bruit des armes et les enseignes de Mars, lesquelles m'ombragent à présent, m'en ont donné l'idée. Je voudrais que ma muse pût célébrer un jour les charmes de votre société et de ma tendresse; elle n'aurait que le soin d'arranger et de cadencer les mots, mon cœur ferait le reste.

Un homme comme vous figure bien dans toutes les compagnies; il est de tout pays, et ce que j'appelle citoyen de l'univers. La gaieté ne me voit jamais sous ses auspices que je ne vous regrette; mon cœur réclame un ami, mon bon sens un mentor, et mon esprit un...., enfin un vous-même.

Je suis avec une parfaite estime et une véritable reconnaissance,



Mon cher Duhan,

Votre très-fidèle ami,
Federic.

11. AU MÊME.

Brunswic, 14 août 1738.a



Mon cher Duhan,

Il me semble que j'aurais quelque chose à me reprocher, si, passant aussi près de chez vous que l'est Brunswic de Blankenbourg, je ne vous donnais point de mes nouvelles. Je me flatte même que vous y prenez toujours un peu de part, et que mon souvenir ne vous est pas tout à fait indifférent.


b Cette pièce de vers se trouve au t. XI, p. 77-79. Elle y est intitulée : Vers faits dans la campagne du Rhin en 1734. En envoyant ces vers à Voltaire, au mois de juin 1738, Frédéric les intitula : Le Philosophe guerrier.

a Le même jour, Frédéric se fit recevoir franc-maçon à Brunswic. Voyez t. XVI. p. 221.